« Peu à peu, Emna Daoud s’est détachée d’un prétexte, le panier ou la table, la gravité et le memento mori. Les fruits surgissent du noir avec leurs propres lumières, leurs propres éclats. La tranche d’un citron, d’une orange, désigne comme la rosace d’un vitrail. Il s’agit dans ses compositions avant tout d’une célébration de la vie.

Avec le temps, les tonalités sont devenues plus vives et moins terreuses, comme au travers d’une recherche de lumière méditerranéenne. Des motifs de céramique dans les compositions jouent comme des réminiscences de la Tunisie dont l’artiste est originaire. L’aspect frotté de la touche pour rendre la peau d’une prune ou d’un abricot amène une sensualité tout en retenue quand elle coexiste avec un autre fruit traité peut-être de façon plus lisse. L’artiste travaille les contrastes visuels, inventant la composition pour le plaisir des yeux autant que le défi plastique. Les ombres colorées donnent un volume mais ne creusent pas de perspective comme dans la technique du bas relief. Pour Malcolm de Chazal, la couleur traverse le temps, elle est éternelle, et seules les formes dans laquelle on la contient peuvent la dater. Au travers de ses sujets simples qu’elle souligne encore par une ligne claire, Emna Daoud donne à voir un présent au double sens du terme. C’est tout à la fois une offrande teinté de souvenirs, que la manifestation d’un langage qui après le pop art abandonne les marques et cherche à mettre à nu l’expérience intime du quotidien. »​

 

Henri Guette

 

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